Les gens du voyage (1) expriment par leur mode de vie la diversité d'habitat reconnue par la Constitution et garantie par la liberté fondamentale
d'aller et venir. Leurs traditions et mode de vie si différents des nôtres et la crainte qu'ils expriment, nourrie de préjugés, rendent souvent difficile leur cohabitation avec les populations
sédentaires. Pour permettre le stationnement des quelques 150 000 nomades voyageant dans l'Hexagone, les besoins ont été estimés à 30 000 places de caravanes réservées; environ 8 000 places
étaient disponibles en 2007. La loi du 05 juillet 2000, plusieurs fois réactualisée depuis, tente de faire respecter ce mode de vie sans pour autant nuire à la qualité de vie des "Gadjé"
(2). Cette loi instaure un schéma départemental d'implantation des aires permanentes d'accueil des gens du voyage élaboré par le Préfet et le Président du Conseil Général. Toutes
les communes de plus de 5 000 habitants sont tenues de créer ces aires d'accueil. Les dépenses d'acquisition, d'aménagement et de fonctionnement sont à leur charge. Cependant, bien qu'elle ait
acquis un terrain (le long de la voie rapide, côté hôpital) depuis des années, la ville d'Arles ne peut l'aménager car l'Etat refuse ce choix au prétexte que le terrain est situé en zone
inondable. La situation est, pour le moment, bloquée. Lorsqu'il n'y a pas de terrain aménagé sur le territoire de la commune, le Maire ne peut que limiter, entre 2 jours et 15 jours, le
stationnement sauvage des caravanes. Pour faire ordonner l'évacuation des caravanes par le Préfet de Police, il faut une décision de justice (malgré le référé cela demande au minimum une dizaine
de jours) à condition que "l'occupation porte atteinte à la sécurité, la tranquillité ou la salubrité publique".
C'est ce qui se passe actuellement dans
notre quartier. Des dizaines de caravanes occupent les terrains du stade Louis Brun depuis plusieurs jours. Le fait ne s'était pas produit depuis juin 2004. Un voisin s'est étonné que l'élue du
quartier n'ait pas empêché ce stationnement. Alors que des rochers de plusieurs quintaux ont été déplacés par les nomades, à l'aide de sangles, comment la Conseillère Municipale aurait-elle pu
les en dissuader?
Ce groupe de nomades avait demandé l'autorisation de séjourner quelques jours à proximité de la ville. Le Maire avait refusé en indiquant qu'il n'avait aucun terrain à leur disposition. Le groupe
a passé outre en s'installant où il en avait envie. On comprend bien que cette situation soit ressentie par les riverains comme du laxisme. D'autant plus, qu'après chaque occupation, les
reproches sont souvent les mêmes : bouches d'incendie ou vestiaires sportifs forcés, intrusion chez des riverains, abandon d'ordures, excréments répandus à la ronde,... Pourtant, en l'absence
d'aire d'accueil, lorqu'il y a occupation illicite de terrains (publics ou privés), la recherche d'un équilibre entre les droits et les devoirs des gens du voyage est toujours difficile. Entre
deux voyages, il faut bien qu'ils stationnent quelque part, avec des conditions minimales d'hygiène.
Lorsqu'il est saisi par des Maires ou des Députés, le Ministère de l'Intérieur, répond invariablement qu'il hésite à s'engager vers une plus grande coercition à l'égard des nomades et prône le
dialogue avec les organisations représentatives des communautés tsiganes (3).
(1) L'expression "gens du voyage" désigne à la fois les Tsiganes, dont font partie les
Manouches ou Sinti (en France depuis des siècles), les Gitans (andalous ou catalans) et les Roms (d'origine indienne), et les Yéniches (européens).
(2) "Gadjé" est le pluriel de "Gadjo", le mot signifie "les gens du Pays" attachés à leur terre.
(3) A Arles, une délégation a été reçue par le Maire dès le lendemain de leur arrivée.